vendredi 17 juillet 2015

Comment l’Assurance-maladie veut économiser 3 milliards d’euros

Comment économiser près de 3 milliards d’euros au cours des trois prochaines années (dont 715 millions dès 2016) sans dégrader la qualité des soins ? C’est la réponse que tente d’apporter, jeudi 2 juillet, la Caisse nationale d’Assurance-maladie (CNAM) en dévoilant 31 mesures de réduction des dépenses, dans son traditionnel rapport précédant le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.


L’annonce de ces propositions intervient dans un contexte budgétaire encore plus contraint que les années passées, avec une hausse des dépenses de l’Assurance-maladie plafonnée à 1,75 % en 2016. Un niveau particulièrement bas qui implique de réaliser l’année prochaine « 3,4 milliards d’euros d’économies par rapport à la croissance tendancielle des dépenses » de santé, rappelle la CNAM. Si certaines préconisations, comme le recours accru aux médicaments génériques, sont consensuelles et courantes, d’autres le sont beaucoup moins, comme la mise en place de durées de référence pour les arrêts de travail.
  • Hospitalisation 

Après avoir engagé la réduction de la durée du séjour à la maternité ou à l’hôpital après une opération orthopédique, l’Assurance-maladie souhaite limiter le nombre des réhospitalisations, notamment pour les patients atteints de broncho-pneumopathie obstructive ou d’insuffisance cardiaque. L’amélioration du suivi effectué par le médecin traitant à la sortie de l’hôpital permettrait de dégager 840 millions d’euros sur trois ans. Prenant exemple sur l’opération de la cataracte, la CNAM assure aussi qu’il est possible pour les hôpitaux de dégager de « nouvelles marges financières » autour des actes chirurgicaux en « optimisant les processus » et en « diminuant les coûts de revient ».
  • Examens biologiques

La CNAM constate que 3,9 millions d’examens préanesthésiques réalisés en 2013 n’étaient pas pertinents. Elle annonce donc la mise en place d’« actions d’accompagnement » des établissements mauvais élèves et appelle la Haute Autorité de santé à mettre en place des « référentiels » pour préciser les bonnes pratiques sur la fréquence de réalisation d’examens de biologie, notamment pour dépister le diabète. Gain attendu : 200 millions d’euros sur trois ans.
  • Transports sanitaires 

5,6 millions de patients ont été transportés en 2014 pour un coût de 4 milliards d’euros. L’Assurance-maladie préconise de développer un système de plate-forme de commande de transport à la sortie de l’hôpital pour arbitrer s’il vaut mieux faire appel à un taxi, à un véhicule sanitaire léger ou à une ambulance. Estimant que 550 millions d’euros pourraient ainsi être économisés en trois ans, la CNAM annonce par ailleurs réfléchir à une « responsabilisation plus directe » des hôpitaux, via l’allocation d’une enveloppe « transport » à chacun.
  • Médicaments 

L’Assurance-maladie juge « essentiel » que les choix de prescription de certains dispositifs médicaux ou médicaments, en particulier les plus récents et les plus coûteux, notamment contre l’hépatite C, « soient guidés par le rapport coût-efficacité des traitements, au-delà de leur seule efficacité ». Prenant l’exemple des antidiabétiques, pas toujours prescrits à bon escient, elle appelle à la bonne observance par les praticiens des « règles et recommandations d’usage édictées par les agences de santé ». En poursuivant le développement des génériques, elle compte aussi économiser 38,8 millions l’an prochain.
Elle accorde cette année une place spécifique au traitement de l’apnée du sommeil, dont le nombre de cas a connu une hausse de 15 %. La CNAM prône le recours à la pose d’un appareillage spécifique plutôt que la prescription d’un système de ventilation nocturne. A la clé, un gain de 175 millions d’euros sur trois ans.
  • Prévention et accès aux soins 

Le rapport préconise d’amplifier dans des territoires prioritaires des programmes de prise en charge des enfants obèses et de prévention du diabète. Une façon d’éviter les dépenses ultérieures liées à l’aggravation de ces pathologies. Une réflexion sur l’amélioration de l’accès aux soins dentaires pour les plus démunis, via une rémunération forfaitaire supplémentaire accordée aux dentistes, est également lancée.
Arrêts de travail La CNAM propose la mise en place de « recommandations » pour aider les médecins dans la prescription d’arrêts pour les maladies chroniques, notamment les cancers. Couplée à une plus grande efficacité des contrôles des arrêts de travail, l’Assurance-maladie espère dégager 300 millions d’euros sur trois ans.

Source : Journal Le Monde, 02/07/2015, François Béguin.

La contre-offensive des parents Lambert

Jusqu’ici médiatiques et administratives, les manœuvres des parents de Vincent Lambert pour obtenir un transfert de leur fils tétraplégique et en état neurovégétatif ont pris, jeudi 16 juillet, une dimension judiciaire. Au lendemain de l’annonce du lancement d’une troisième procédure collégiale du CHU de Reims en vue d’une « éventuelle décision » d’arrêt des traitements, Pierre et Viviane Lambert ont décidé de concentrer leurs attaques sur le Dr Daniela Simon, la chef de service de l’unité de soins palliatifs, qui prendra bientôt la décision finale. L’accusant de partialité et de « conflit d’intérêts », ils avaient exigé, mercredi, qu’elle se récuse avant jeudi midi.


Viviane Lambert à Reims, mercredi 15 juillet.
Viviane Lambert à Reims, mercredi 15 juillet.  
FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
 
 
N’ayant eu « aucune réponse » de l’hôpital, ils ont annoncé dans l’après-midi qu’ils s’apprêtaient à déposer une plainte pour « tentative d’assassinat sur personne vulnérable ». Sont également visés, au côté du docteur Daniela Simon, le CHU de Reims, en tant que personne morale, mais aussi le docteur Eric Kariger, le précédent chef de service, et le docteur Ana Oportus, c’est-à-dire les responsables de l’équipe médicale qui avaient mené la première opération d’arrêt des traitements en avril 2013.
Limité à l’arrêt de la seule alimentation artificielle, ce processus avait été mal conduit d’un point de vue médical. Il avait été interrompu au bout de trente et un jours par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, au motif qu’une partie de la famille n’en avait pas été informée, comme le prévoit pourtant la loi Leonetti.
« Si on ne veut plus s’occuper de Vincent, qu’on nous le donne, je suis prête à l’accueillir »
La plainte de « trente-cinq pages » qui devrait être déposée vendredi sur le bureau du procureur du tribunal de grande instance de Reims porte également sur une toute série d’autres infractions : « délaissement » et « violences » sur personne vulnérable, « non-assistance à personne en danger », « séquestration et atteinte arbitraire à la liberté individuelle » ou encore « violation du secret médical ». « Il faut que la mascarade s’arrête, que les masques tombent et que tout le monde réalise que Vincent est mal pris en charge depuis le début », assure Jean Paillot, l’un des deux avocats des parents.
Derrière cette avalanche de poursuites, les parents dénoncent aussi bien le refus de l’hôpital d’autoriser le transfert de leur fils à leur domicile ou dans un établissement de leur choix que l’absence de soins de kinésithérapie ou de rééducation à l’alimentation par la bouche. « Si on ne veut plus s’occuper de Vincent, qu’on nous le donne, je suis prête à l’accueillir », dit Viviane Lambert.

« Conflit d’intérêts »

 

Signe qu’une nouvelle étape s’est ouverte à Reims, Rachel Lambert, l’épouse de Vincent Lambert, qui avait donné son accord en 2013 au processus d’arrêt des traitements, et qui avait été jusque-là relativement épargnée par les parents, est cette fois dans leur viseur. Dans la plainte qui devrait être déposée, elle est accusée de « faux témoignage ». Il lui est reproché d’être partie vivre depuis deux ans en Belgique sans en avoir informé l’hôpital. « Nous disposons d’un rapport d’enquête privée qui l’atteste », admet sans détour Me Jean Paillot. « Tant pis pour Rachel, elle nous a trahis… », lâche Viviane Lambert.
Dans cette stratégie de contestation tous azimuts, un point évoqué mercredi par Viviane Lambert, et jusque-là passé inaperçu, pourrait se révéler décisif lorsque le tribunal administratif sera – vraisemblablement – saisi en référé par les parents. Dans l’arrêt rendu le 5 juin par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), Daniela Simon et Ana Oportus, les deux médecins du CHU de Reims, sont présentées comme les « conseillers » de Rachel Lambert. Pour Jean Paillot, c’est bien la preuve de l’existence d’un « conflit d’intérêts » chez la responsable médicale qui aurait « pris officiellement le parti » de l’épouse.

 
Laurent Pettiti, l’avocat de Rachel Lambert, juge cette accusation « totalement absurde » et dénonce une « stratégie alors que le processus est dans sa phase finale ». Pour lui, si la CEDH a « affublé les médecins du titre de conseiller », c’est parce qu’il a lui-même envoyé le courrier demandant à ce qu’elles puissent assister à l’audience publique de la grande chambre le 7 janvier à Strasbourg. A la CEDH, on explique que les demandes de rectification envoyées par l’avocat et les deux médecins ne pourront être examinées qu’en septembre.
Même s’il ne s’agissait que d’un « quiproquo », cette mention crée un « doute sérieux » quant à la légalité d’une future décision d’arrêt des traitements, souligne le juriste Nicolas Hervieu. Dès lors, « une suspension de cette décision par le juge administratif des référés n’est plus si improbable », analyse-t-il, alors même que l’hôpital de Reims, en choisissant de reprendre la procédure de zéro, avait tout fait pour l’entourer d’un maximum de précautions juridiques.

Source : Journal Le Monde,
17/07/2015, François Béguin.

Du bac à la fac : une vraie réforme est nécessaire

Les gouvernements passent, l’enjeu est le même : réduire l’échec en premier cycle universitaire. Et l’un des moyens d’y parvenir serait d’instaurer une meilleure articulation avec les années du lycée. Le rapport parlementaire sur « les liens entre le lycée et l’enseignement supérieur », rendu public mercredi 8 juillet, était donc très attendu. D’autant que la mission d’information de l’Assemblée nationale, présidée par Dominique Nachury (Les Républicains), et dont le rapporteur était Emeric Bréhier (Parti socialiste), comprenait des élus de droite et de gauche comme l’écologiste Barbara Pompili ou l’ancien ministre du logement de François Fillon, Benoist Apparu. Ils ont réussi à se mettre d’accord sur 33 recommandations.


Séverin Millet

Mais ce rapport a, du coup, le défaut de ses qualités. Il propose une série d’améliorations consensuelles mais manque de mesures-chocs pour parvenir à ses objectifs, parmi lesquels : renforcer l’orientation des élèves et la rendre plus précoce, faciliter les passerelles entre les filières, améliorer la formation des enseignants et la pédagogie, développer le tutorat, proposer une année de rattrapage facultative après le bac pour les élèves les plus « faibles », préserver l’offre de formation sur le territoire, etc. Sa préconisation la plus audacieuse est de réduire le nombre d’épreuves finales du baccalauréat « sur un nombre limité de matières fondamentales et en instituant un contrôle continu sur les options ». Les épreuves majeures seraient soumises à des seuils éliminatoires, et l’examen pensé en fonction des compétences nécessaires dans le supérieur. D’autre part, le système d’orientation Admission post-bac (APB) serait réformé, le premier vœu des futurs bacheliers devant notamment être motivé.
« On aurait espéré un rapport parlementaire plus décapant », réagit Christian Forestier, ancien recteur et ex-directeur de cabinet de Jack Lang au ministère de l’éducation nationale. « Il propose de faire d’APB un outil d’orientation, d’affectation et de sélection, c’est beaucoup. Mais pourquoi alors Dauphine ou Sciences Po Paris n’y figurent pas ? Par ailleurs, pourquoi deux grands lycées parisiens – Louis-le-Grand et Henri-IV – ont seuls le droit de recruter dans toute la France dès la classe de seconde ? », souligne-t-il.

Manque de place

 

Le risque est aussi que les mesures sur lesquelles tout le monde s’entend demeurent des vœux pieux, faute de moyens et alors que le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter : « Permettre d’étaler le cursus de licence sur quatre ans, offrir des semestres de soutien ou des DUT [diplômes universitaires de technologie] en année décalée, nous le faisons déjà dans certaines universités. Le problème pour le généraliser, c’est que ça coûte très cher, comme les nouvelles pédagogies et l’accompagnement du numérique lorsqu’il est bien fait », explique Gilles Roussel, président de l’université Paris-Est-Marne-La-Vallée et de la commission de la formation et de l’insertion professionnelle de la Conférence des présidents d’université. Et de souligner que le rapport, s’il ne prône pas la sélection, n’aborde pas la question du manque de places à l’université dans certaines filières – comme les Staps [Sciences et techniques des activités physiques et sportives] –, où la pratique d’une sélection aléatoire par tirage au sort s’est généralisée.
La mission parlementaire ne va pas assez loin en matière d’orientation, estime aussi Jean-Marc Monteil, ancien recteur et ex-directeur général de l’enseignement supérieur au ministère, qui recommande de réserver les BTS aux bacheliers professionnels et les DUT aux bacheliers technologiques : « La meilleure préparation à l’université pour les bacheliers professionnels, ce n’est pas la peine de l’inventer, elle existe : c’est le BTS, qui peut déboucher sur la vie professionnelle, et qui donne aussi des passerelles vers l’université. » La critique est partagée par Christian Forestier : « En proposant un BTS en trois ans [au lieu de deux] aux bacheliers professionnels, on affiche que le BTS n’est pas construit pour eux alors qu’il faudrait au contraire reconstruire cette filière sur les prérequis des bacs pro. »

Peser sur l’orientation

 

M. Forestier recommande aussi de « marcher sur deux jambes » en unifiant les voies générale et technologique – qui ouvrent toutes les deux aux études longues –, parallèlement à la voie professionnelle, orientée vers les BTS, voire les DUT et les licences pro. Le système des trois voies (générale, technologique et professionnelle) n’existe en effet qu’en France. Une fois cette simplification faite, il prône aussi « des mesures coercitives » pour peser sur l’orientation dans les filières : leurs financements pourraient être modulés selon les profils des bacheliers reçus, ce qui conduirait à « diminuer le coût des classes préparatoires et sanctionner financièrement les STS [section de technicien supérieur] et IUT accueillant trop de bacheliers généraux. On pourrait aussi réserver les prépas commerciales aux bacheliers des séries ES et de gestion. Ou bien ouvrir une filière en médecine pour les bacheliers littéraires », dit-il.
Les auteurs du rapport ont auditionné Thierry Mandon, avant qu’il ne soit nommé à l’enseignement supérieur. Le rapport n’est pas destiné au ministère. Il a le mérite de poser le débat, qui reste cependant très ouvert.

Source : Journal Le Monde, Adrien de Tricornot, 13/07/2015.

Les idées des profs pour réformer le bac

Eux aussi entendent à chaque session du baccalauréat la petite musique « anti-bac ». Un examen que l’on dit bradé, coûteux, voire inutile. On les écoute peu, pourtant, quand il est question de réfléchir à l’avenir de cet examen bicentenaire, alors qu’ils sont sans doute les mieux placés pour avancer des idées, eux qui le préparent, le surveillent et le corrigent. Le Monde a donc demandé à ses lecteurs professeurs quel serait, selon eux, le « bon bac ». Dans la cinquantaine de réponses reçues, c’est moins une remise en cause du baccalauréat qu’une volonté de lui redonner du sens qui transparaît. Redéfinir son rôle, son niveau d’exigence, ses épreuves : pour beaucoup d’enseignants, une refonte du bac ne peut pas faire l’économie de ces trois débats.


Epreuve de philosophie lors du bac 2014, à Paris.
Épreuve de philosophie lors du bac 2014, à Paris. FRED DUFOUR / AFP
C’est une spécificité française que tous les profs – ou presque – mettent en avant : le baccalauréat sanctionne la fin des études secondaires mais constitue aussi le premier grade universitaire. Or si un jeune sur trois seulement décrochait le diplôme il y a tout juste trente ans, l’objectif fixé en 1985 par le ministre de l’éducation de l’époque, Jean-Pierre Chevènement, de porter « 80 % d’une génération » au niveau du bac, est désormais quasiment atteint. Si les résultats définitifs du bac 2015 devaient être connus samedi 11 juillet dans la soirée, on sait déjà que 78,8 % des candidats ont été reçus à l’issue du premier groupe d’épreuves. Et les mentions sont désormais légion. « Pour arriver à ce résultat, une seule option rapidement efficace : réduire drastiquement les exigences, commente Olivier Lame, enseignant-chercheur à Lyon. Et c’est ainsi que des cohortes de bacheliers fragiles vont se fracasser sur les premières années de facultés. »

 
« Tout le monde sait que la sélection s’effectue après, dans le supérieur »
Faut-il renforcer le bac ou l’adosser à une sélection à l’université ? Eternel débat qui tiraille les professeurs. « Rétablissons un véritable examen sélectif, plaide David Fabert, enseignant d’histoire-géographie dans un lycée de Créteil, et mettons fin à cette pantalonnade qui veut faire croire aux Français que nous amenons réellement [tous ces élèves] à un tel niveau… alors que tout le monde sait – parents, élèves, enseignants – que la sélection s’effectue après, dans le supérieur. » Pour ce professeur, il y a urgence à « revenir » à une notation juste, à « rétablir » des notes éliminatoires.

« Vanité pure »

 

C’était là l’une des pistes mises en avant par les inspections générales dans un rapport sur l’organisation du baccalauréat présenté en mars 2012. « Ce n’est qu’en ayant un niveau d’exigence correct, et une sanction ferme de l’erreur, que cet examen retrouvera une valeur », affirme aussi Mathieu (il a souhaité rester anonyme), 29 ans, enseignant en classe prépa en Ile-de-France. Qui pose la question qui fâche : « Quel professeur ne fait pas le constat que les filières générales sont peuplées d’élèves qui auraient fait d’excellents techniciens, perdus dans des disciplines qui ne les intéressent pas et où parents et ministres les forcent à entrer par vanité pure ? »
Nostalgiques, les professeurs ? Réalistes, répondent-ils. Olivier Lame parle, lui, de « revenir à la base » : distinguer un bac général dit « études longues », plus « exigeant », d’un bac « études courtes » – de type bac pro – qu’il faudrait « rendre plus compatible avec les formations de type bac + 2 ». Pour d’autres, il faudrait séparer l’acquisition du bac du droit d’entrer à l’université. Jorge Caballé, retraité de l’enseignement privé, propose un système sur le modèle de la « selectividad » espagnole. Soit un examen post-bac attribuant à chaque élève un « niveau de note » correspondant, ou non, à celui requis par les formations du supérieur. Cela aurait l’avantage de « dédramatiser le bac » selon lui, en le cantonnant à un « certificat de niveau d’études secondaires », et ainsi de faciliter les débats sur l’évolution de ses modalités de passage.

Bac à la carte

 

Peut-on s’étonner que le débat sur le contrôle continu divise la communauté éducative ? « Ne tombons pas dans le piège du contrôle continu, que j’ai vu massivement à l’œuvre en Grande-Bretagne, avec de graves problèmes d’équité et de fraude, prévient Yann Desdevises, enseignant d’anglais dans un lycée de Nantes, qui défend l’évaluation par compétences. Seules les épreuves terminales, parce qu’elles sont anonymes, sont à même de garantir la valeur de cet examen,en permettant au correcteur de se défaire de ses a priori sur les candidats – en bien comme en mal… » 

Une petite minorité d’enseignants n’exclut pas une quasi-suppression de ce rite républicain
Alors qu’un tiers seulement des Français se disent attachés au bac « tel qu’il est » actuellement, selon un sondage BVA-Orange-i-Télé effectué fin juin, une petite minorité d’enseignants n’exclut pas une quasi-suppression de ce rite républicain. Un bac à la carte ou un bac modulaire ? Quelques-uns l’envisagent pour favoriser l’implication des élèves. « En entrant en terminale, les élèves pourraient choisir les matières – et leurs coefficients – qu’ils présenteraient au bac, leur conférant ainsi le poids qu’ils estiment en fonction de leurs capacités, propose Thierry Poinot, professeur d’histoire-géographie dans le Jura. Nous pourrions ainsi avoir un bac choisi et non plus un bac subi, ce qui permettrait de relever le niveau. »

 
Ainsi le bac ne serait plus un verrou, mais permettrait une poursuite d’étude « plus ciblée », comme le dit Patrice Ligereau, professeur de biotechnologie au Mans. Olivier (il a souhaité rester anonyme), professeur de mathématiques en collège, défend, lui, une bonne dose de QCM, ces questionnaires à choix multiples qui « contrairement à ce que pensent souvent les Français, ne sont pas un test au rabais ». 40 % de bonnes réponses, ou 80 %, « n’est-ce pas plus précis qu’une moyenne de 12/20 au baccalauréat, qui noie les résultats » ? Un résultat qui ne parle pas aux établissements de l’enseignement supérieur et qui ne dit rien des fragilités ou des forces du candidat.
Source : Journal Le Monde, 11/07/2015, Séverin Graveleau & Mattea Battaglia.

Lancement d’un plan de lutte contre le harcèlement dans les transports

Le gouvernement dégaine jeudi 9 juillet un plan national de lutte contre le harcèlement dans les transports. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, les secrétaires d’Etat aux droits des femmes et aux transports, Pascale Boistard et Alain Vidalies, présentent à Paris un ensemble de douze engagements sur le sujet. Ils reprennent en fait l’essentiel des recommandations émises il y a trois mois par le Haut conseil à l’égalité femmes hommes (HCEfh).



 
En avril, le HCEfh, organisme indépendant saisi par le gouvernement, avait constaté l’ampleur d’un « phénomène mal connu et largement minimisé ou normalisé », estimant que « toutes les utilisatrices des transports ont déjà été victimes » de harcèlement sexiste ou de violences sexuelles dans les transports, en particulier « les jeunes femmes ». « Le phénomène a été occulté pendant des années », confirmait Margaux Collet, porte-parole d’Osez le féminisme, association qui a été auditionnée dans le cadre de la préparation du plan national.
Parmi les engagements pris, le gouvernement annonce l’expérimentation de « marches participatives » au cours desquelles des usagères pourront visiter des stations, des gares, des trains pour « identifier les aménagements insécurisant ou pouvant être améliorés (éclairage, présence humaine, vidéoprotection, rame d’un seul tenant…) ». Ce genre de marches, en provenance du Canada, est d’ores et déjà expérimenté dans douze « quartiers prioritaires » depuis 2014 par l’association France Médiation. Elles seront donc étendues aux transports à proprement parler sans que l’on sache encore quels opérateurs, en dehors de la RATP et de la SNCF, seront proactifs en la matière. En outre, une autre expérimentation devrait être initiée à Nantes d’un « arrêt à la demande des bus la nuit » pour éviter aux usagers d’effectuer de trop longs trajets à pied vers leur domicile.

« Améliorer l’accompagnement des victimes »

Le secrétariat d’Etat aux droits des femmes financera également « à l’automne 2015 » une « campagne de sensibilisation » via l’achat d’espaces publicitaires pour rappeler « que le harcèlement et les violences sexistes sont punis par la loi » et « inviter les témoins à être solidaires face à ces situations ».

 
Le numéro d’urgence 3117 de la SNCF permettra « avant la fin de l’année 2015 » de recueillir les signalements, y compris par texto, pour éventuellement déclencher l’intervention des forces de sécurité. Une réflexion autour d’autres « outils numériques d’alerte et de signalement » est prévue, de même qu’une enquête de victimation, sans que son financement n’ait encore été arrêté.
Le plan gouvernemental prévoit que la MIPROF (Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains) mettra à disposition des opérateurs de transport des modules spécifiques de formation pour leurs personnels, permettant d’« améliorer l’accompagnement des victimes ». Un « travail » sera enfin engagé en direction des régies publicitaires dans les transports en commun afin que les publicités sexistes ne soient pas diffusées. « La régie de la RATP intègre déjà ce critère dans son processus de validation », illustre t-on au secrétariat d’États aux droits des femmes, alors que jeudi, les réseaux sociaux s’émouvaient encore d’une campagne publicitaire des Galeries Lafayette dans le métro parisien, présentant une femme nue dans une position lascive.
« C’est intéressant que le gouvernement se soit saisi de la question, notait Joëlle Kerivin, présidente de l’espace Simone de Beauvoir, une association nantaise qui travaille sur les questions d’espace public et de genre. Maintenant, il faut voir comment ce plan se traduit et se déploie concrètement. On sera vigilantes ». Même prudence du côté d’Osez le féminisme, qui regrette l’absence « de budget, d’évaluation » précis. « Il y a des éléments très positifs mais on continue d’être dans une réponse très sécuritaire qui place les femmes dans une situation de victimes, regrette pour sa part Chris Blache, sociologue et cofondatrice de Genre et Ville. Il faudrait travailler sur les ambiances des espaces publics pour lutter contre le sentiment d’insécurité, par exemple en proposant plus d’art dans le métro ou en diffusant des messages moins anxiogènes ».

Source : Journal Le Monde, 09/07/2015, Julia Pascual.

Bénédicte Lombart, infirmière philosophe

S’il y a bien une chose que l’on ne peut pas presser, c’est le cheminement philosophique », déclare en souriant Bénédicte Lombart. Dans quelques mois, à 45 ans, cette infirmière soutiendra une thèse en philosophie, plus précisément en « philosophie pratique et éthique hospitalière ». Elle y explore un sujet délicat : la contention pendant les soins en pédiatrie.



Bénédicte Lombart, le 26 mai.
« J’essaie de comprendre pourquoi la parole et le raisonnement de l’enfant sont trop souvent disqualifiés, et pourquoi les soignants sont pris dans un système qui les contraint parfois à faire un usage illégitime de la force », explique la doctorante, engagée ­depuis vingt ans dans la prise en charge de la douleur de l’enfant, à l’hôpital parisien ­Armand-Trousseau, où elle exerce,et bien au-delà, par son travail associatif, d’enseignement et de recherche.
Dans des pays comme le Canada, le métier de chercheur en sciences infirmières et paramédicales s’est structuré ; des doctorats spécifiques ont été créés. En France, le mouvement ne fait que s’amorcer, porté par quelques centres hospitaliers universitaires (CHU) motivés. Bénédicte Lombart fait ainsi partie des onze infirmiers à qui l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a accordé un poste de doctorant depuis 2010.

« Cécité empathique transitoire »

 

Quand nous l’avions rencontrée pour la première fois, en novembre 2014, elle présentait l’enquête à l’origine de son travail de thèse – une étude qualitative menée auprès de différents paramédicaux, à un colloque. Pour ses diapositives, elle avait sélectionné des témoignages édifiants, tels celui de ce soignant avouant : « J’oublie ce qui se passe, ce n’est plus un enfant, j’ai une sonde à mettre, c’est tout, je n’ai pas le choix. » De l’analyse de ces paroles de professionnels, elle a tiré un concept : la cécité empathique transitoire.
« La philosophie est l’art d’inventer des concepts, disait Deleuze. Et c’est exactement ce que fait Bénédicte Lombart, souligne Eric Fiat, professeur de philosophie à l’université ­Paris-Est Marne-la-Vallée, qui a dirigé son master et qui encadre dorénavant sa thèse. J’aime beaucoup sa manière de faire dialoguer les réalités concrètes du terrain et de grands textes de la tradition philosophique, sa capacité à établir des liens qui apparaissent évidents entre certains gestes infirmiers et des passages de Heidegger. »
Mais comment passe-t-on des soins infirmiers à un doctorat en philosophie ? Ce joli parcours, Bénédicte Lombart le raconte simplement, avec sincérité. Et de grands éclats de rire. Tentée par le journalisme, la jeune femme s’inscrit finalement à l’Université ­catholique de Lille pour devenir infirmière : un cursus court, qui l’arrange pour des raisons personnelles.
A sa sortie d’école, en 1991, elle visite des hôpitaux pédiatriques parisiens pour faire son choix. Dans l’unité d’onco-hématologie de l’hôpital Trousseau, elle tombe en arrêt devant les infirmières et leurs blouses personnalisées. « Avec des yeux d’une absolue naïveté, j’ai vu la vitalité, le côté “fun” d’un service lourd, raconte-t-elle. J’étais dans le fantasme de soigner des enfants gravement ­malades dans la joie et la bonne humeur. »

« Eviter l’erreur »

 

Embauchée dans ce service difficile, elle va y rester dix ans. « La première année, j’étais complètement concentrée sur les aspects techniques, se souvient-elle. Mon obsession, c’était d’éviter l’erreur qui tue un enfant. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps qu’on peut se dégager de cela, et voir l’enfant, ses parents, leur souffrance. »
Des liens forts se créent avec ses petits patients, dont beaucoup sont atteints de leucémie, mais il devient difficile de mettre des limites… « Ce qui a inauguré ma réflexion, c’est une expérience avec une jeune fille dont je m’étais beaucoup occupée, poursuit Bénédicte Lombart. Un matin, elle m’a dit : “Je crois que je vais mourir.” Je n’ai pas pu répondre à son angoisse. Alors, j’ai compris que pour continuer, il fallait être suffisamment solide. Si c’était juste être aspirée par ses émotions, cela n’avait pas de sens. »
Face à un tel constat, beaucoup réorientent leur carrière. Bénédicte Lombart, elle, préfère se tourner vers la formation continue, et s’ouvrir à des disciplines comme la relaxation, la sophrologie… « J’ai profité pleinement des dispositifs de formation de l’AP-HP à un moment où c’était possible. Je ne suis pas sûre que le contexte économique le permette autant aujourd’hui », reconnaît-elle.
Au fur et à mesure, elle met en pratique ses nouvelles compétences. «  Je faisais des séances de sophrologie avec les enfants avant leur ponction lombaire ou leur ponction de moelle osseuse. J’expérimentais aussi les massages, l’hypnose… Toutes mes propositions étaient acceptées avec bienveillance. »

A la création d’un diplôme universitaire

 

Pour développer son expertise des soins infirmiers et les promouvoir, elle s’inscrit à l’école des cadres de santé. Au retour, elle fait ses premières armes de manageur dans l’unité d’ORL puis rejoint, en 2003, l’équipe de Daniel Annequin, qui développe une unité fonctionnelle pour la prise en charge de la douleur en pédiatrie à Trousseau. Au contact de ce pionnier de la lutte antidouleur de l’enfant, elle s’investit de plus en plus dans cette spécialité. Elle participe à la création d’un diplôme universitaire spécifique et devient membre actif de Pédiadol, une association qui diffuse des documents aux professionnels… Elle s’affirme, demande à être reconnue. « En tant qu’infirmière, il ne s’agit pas de prendre une place qui n’est pas la nôtre, mais on ne peut pas juste être les petites mains. De même, la recherche doit être multi­disciplinaire. Les infirmières peuvent interroger des problématiques qui n’intéressent pas les médecins. »
Mais ce qui change vraiment sa vie, c’est une inscription à un master de philosophie pratique, à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée. «  Dans mon travail à l’unité mobile, je voyais des situations qui me questionnaient, où les moyens antalgiques disponibles n’étaient pas toujours utilisés, dit-elle. En tant que conseil, je ne devais pas juger les équipes, mais j’avais un engagement à l’égard des enfants. Avec le master, j’ai pioché de nouveaux instruments de la pensée. J’ai arrêté d’être en colère et commencé à devenir plus tolérante. » Un premier mémoire, puis un deuxième, et maintenant une thèse… Bénédicte Lombart reconnaît enfin que sa parole est légitime. Détachée de son poste de cadre hospitalier depuis novembre 2012, elle met la dernière main à son manuscrit, tout en menant de front des missions d’enseignement et associatives (elle préside l’Association des étudiants et diplômés de l’Ecole éthique de la Salpêtrière).
Bientôt docteur, elle se verrait bien enseignante-chercheuse à l’AP-HP, en gardant un pied dans la clinique. Mais elle reste avant tout infirmière et fière de l’être, intarissable sur la cause des enfants. « Bénédicte a une relation incroyable à l’enfant. Elle le capte, et lui sait qu’elle est entièrement disponible », ­assureCéline Guiot, qui lui a succédé comme cadre dans l’unité douleur. Au demeurant, cette dernière salue les qualités professionnelles et humaines de sa collègue, qui a su s’imposer « sans prendre la place des autres et sans jamais s’éloigner de son cœur de métier ».
Bénédicte Lombart deviendra-t-elle un jour une porte-parole de la profession d’infirmière ? Elle en aurait l’envergure. Interrogée sur la crise à l’hôpital, la douce jeune femme se fait plus dure. « Il y a de belles choses à faire dans les hôpitaux, mais on risque de basculer dans un exercice à la tâche. Or on ne peut pas faire des économies sur tout, tout le temps. Tant que les politiques qui écrivent les lois de santé n’écouteront pas davantage les infirmières de terrain, ils seront à côté de leurs pompes. » Militante ? Engagée plutôt, corrige-t-elle. « Militer, c’est un terme guerrier, s’engager, c’est aller vers l’avant, mais pas contre autrui. » Une vraie philosophe.

Source : Journal Le Monde, 06/07/2015, Sandrine Cabut.

Des collèges appelés à tester dès septembre la réforme controversée

Des dizaines de collèges vont, sans attendre la rentrée 2016, expérimenter dès septembre l’épineuse et polémique réforme du collège – parfois sans grand enthousiasme. Le collège Saint-Exupéry à Condom (Gers), celui du Mas-d’Azil (Ariège), l’établissement privé Notre-Dame-de-la-Clarté à Perros-Guirec (Côtes-d’Armor), le collège Diwan de Quimper ou encore celui de Noé (Haute-Garonne) font partie de ces collèges préfigurateurs. Au moins trois académies, Rennes, Toulouse et Aix-Marseille (« peut-être plus », confie-t-on au cabinet de la ministre de l’éducation), prennent part à ces expérimentations.

 Au collège Georges Clemenceau à Paris, le 29 mai.

Aix-Marseille ne communique pas encore sur ses projets. Rennes et Toulouse, elles, si : l’enseignement de la LV2 (la deuxième langue vivante) dès la classe de 5e, soit un an plus tôt, a en réalité débuté dans ces deux académies en 2014. Toulouse franchira une étape supplémentaire en septembre prochain, prête – dit-elle – à tester trois autres volets de la réforme. Et pas des moindres : la liaison école-collège, l’aide personnalisée et les fameux « enseignements pratiques interdisciplinaires » (EPI) qui heurtent une frange des professeurs. Parmi les 318 collèges de l’académie, 34 seraient partants. « Des collèges pionniers et volontaires », assure-t-on dans l’entourage de la rectrice, en se réjouissant de voir ces « petits laboratoires de la réalité » prendre vie.

Prudence de mise

 

Sur le terrain, l’optimisme n’est pas toujours partagé. Sans surprise, l’intersyndicale qui mène la fronde – et qui a déjà appelé à relancer la mobilisation cet automne – conteste même tout élan de « la base ». Mais dans les rangs des organisations réformistes, aussi, la prudence est de mise. « Des collèges volontaires ? Les guillemets s’imposent », lâche, ironique, Jean-Rémi Girard, du SNALC, syndicat dit de droite même s’il s’en défend. « C’est nous qui avons appris à certains collègues qu’ils devaient être prêts à sauter le pas dans deux mois, renchérit Bernard Schwartz, du SNES-FSU-Toulouse ; les chefs d’établissement ont souvent pris la décision d’expérimenter sans s’embarrasser de consulter leurs enseignants. »
Souvent ? « Cela s’est vu dans dix à douze collèges sur la trentaine d’établissements pionniers dans notre académie », estime ce syndicaliste, reprenant à son compte la crainte martelée depuis trois mois par le SNES-FSU, majoritaire dans le second degré : les 20 % d’autonomie concédés aux collèges dans le cadre de la réforme viendraient renforcer la marge de manœuvre des principaux, faisant le jeu des « petits chefs » et de la « caporalisation » des professeurs.


« Un appel à candidatures avec des moyens en plus à la clé, ça ne se refuse pas », confie Jamel El-Ayachi, principal du collège du Mas-d’Azil, en reconnaissant avoir « un peu sous-estimé » le manque d’enthousiasme au sein de son établissement. Lui comptait beaucoup sur la « belle dynamique » engagée depuis deux ans, avec, entre autres, quatre modules interdisciplinaires proposés en 5e et 4e – patrimoine, sciences et techniques, arts et lettres, et mémoire et citoyenneté. « On expérimente déjà, me suis-je dit un peu naïvement, pourquoi ne pas pousser plus loin la logique ? » C’était sans compter les réactions en salle des professeurs, qui l’ont obligé à renoncer à trois EPI sur quatre pour se concentrer sur l’aide personnalisée. « Il me fallait bien calmer les esprits », conclut-il.

« Impulser le changement »

 

A 30 kilomètres de Toulouse, le principal du collège de Noé reconnaît, lui aussi, que l’initiative est effectivement partie de lui… mais qu’elle a trouvé un « vrai écho » auprès des deux tiers des enseignants. « Les petits chefs, c’est l’éternelle accusation qui nous est faite, et elle n’est pas toujours dénuée de fondements, témoigne Olivier Henry, mais c’est aussi notre rôle de piloter la réforme, d’impulser le changement… La décision d’expérimenter ne vaut rien si elle n’est pas relayée par l’équipe, le collectif. »
Dans son gros collège – 620 élèves –, quatre EPI verront bientôt le jour – corps et santé, et langues et cultures étrangères, notamment. Mais rien sur le latin, pourtant au cœur des polémiques, alors même qu’une soixantaine d’élèves de 5e débuteront l’option en septembre. « Quand viendra l’heure de la généralisation de la réforme, dans un an, ils choisiront l’EPI dédié, je ne suis pas inquiet », affirme ce principal, sûr de « pouvoir aussi conserver des heures pour l’option » latin, quand les enseignants de lettres classiques pronostiquent pourtant sa disparition.
Dans le Gers, au collège de Condom – 450 élèves –, deux EPI doivent être prêts en septembre : l’un sur la découverte de l’entreprise, l’autre sur la fabrique du citoyen, raconte la principale. Pour les prendre en charge, des enseignants sont « porteurs, volontaires, intéressés », assure Annette Simonot. La jeune femme raconte avoir, à l’origine, lancé l’idée en direction des professeurs d’histoire-géographie – ceux qui étaient impliqués dans l’heure de découverte professionnelle supprimée en 3e avec la réforme –, et de leurs collègues d’arts plastiques. « Aujourd’hui, j’ai presque plus d’enseignants volontaires que d’heures à octroyer aux EPI, conclut Mme Simonot. Cette histoire d’expérimentation imposée, ça ne tient pas… Vue la difficulté à mettre en place ce type de démarche, ça ne saurait venir d’en haut. »

Course contre la montre

 

La rapidité – « l’urgence », disent les syndicats – avec laquelle les expérimentations sont lancées est sans doute pour beaucoup dans l’inquiétude perceptible sur le terrain. C’est le 20 mai, au lendemain de la mobilisation nationale contre la réforme du collège (30 % de grévistes de source ministérielle), que le décret et l’arrêté d’application de la réforme ont été publiés. Ce même 20 mai, la rectrice de l’académie de Toulouse, Hélène Bernard, a présenté le dispositif des « collèges pionniers »… et restitué les premiers résultats de l’expérimentation de la LV2 dès la 5e sur lesquels les professeurs de langues émettent des réserves.


« Est-ce qu’on n’inverse par l’ordre des priorités ?, interroge Laure Peskine, porte-parole de l’Association des professeurs de langues vivantes. Ne faudrait-il pas prendre le temps d’écouter les enseignants, d’évaluer ce qui est déjà mis en œuvre, avant d’avancer d’un cran ? » La course contre la montre est engagée pour Mme Vallaud-Belkacem : il reste à la ministre de l’éducation nationale deux rentrées scolaires avant la présidentielle de 2017 pour mettre en musique la « refondation » promise.

Source : Journal Le Monde, 06/07/2015, Mattea Battaglia.

Affaire Vincent Lambert : un pas vers l’arrêt des traitements

Plus de cinq semaines après l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) autorisant l’arrêt des traitements de Vincent Lambert, c’est à un « conseil de famille » un peu particulier que ses parents, ses frères et sœurs, son épouse et son neveu sont conviés mercredi 15 juillet à l’hôpital Sébastopol de Reims. Signe de l’extrême prudence adoptée par le CHU dans ce dossier, pour donner leur avis sur une « nouvelle procédure en vue d’une décision d’arrêt des traitements », ils ne seront pas réunis autour d’une même table, mais reçus en plusieurs groupes successifs par le docteur Daniela Simon, la chef du service qui prendra la décision finale.


A tous, selon les informations du Monde, la médecin devrait annoncer la tenue dès la semaine prochaine d’une réunion « collégiale » de plusieurs praticiens. A charge pour eux de déterminer si de nouvelles expertises médicales sont nécessaires — comme le réclament les parents, qui estiment que leur fils a recommencé à déglutir ces dernières semaines — ou si l’on pourra prochainement arrêter la nutrition et l’hydratation artificielles, dans le cadre de la loi Leonetti sur les droits des malades et la fin de vie.
Le docteur Simon ayant fait partie de l’équipe qui a décidé à deux reprises d’arrêter les traitements, le sens de la décision finale semble faire aujourd’hui peu de mystère. Reste l’inconnue du calendrier. « Ce sera annoncé avant la fin du mois », croit savoir Laurent Pettiti, l’avocat de Rachel Lambert, l’épouse de Vincent Lambert. Il se dit par ailleurs certain qu’aucun médecin extérieur au CHU ne sera sollicité pour participer à cette réunion.

« Mascarade »

 

« Je crains que cette procédure ne soit qu’une mascarade visant à donner un habillage juridique à la précédente décision d’arrêt des traitements », assure Jean Paillot, l’un des avocats des parents. Réclamant une nouvelle expertise neurologique et orthophonique, il se tient prêt à contester toute nouvelle décision d’arrêt des traitements devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne puis, le cas échéant, devant le Conseil d’Etat.
Depuis le 5 juin, les partisans du maintien en vie de Vincent Lambert, ses parents en tête, ont multiplié les démarches médiatiques, administratives et judiciaires pour obtenir gain de cause. Certaines d’entre elles ont rapidement tourné court. La CEDH a fait savoir dès le 6 juillet qu’elle rejetait la demande de révision de l’arrêt. Quant au recours devant le Conseil d’Etat, annoncé par les deux avocats des parents, il n’a finalement pas été déposé.
La demande de transfert dans une unité spécialisée au sein d’une maison de santé à Oberhausbergen, près de Strasbourg, n’est plus à l’ordre du jour. La direction de l’établissement – qui n’a pas souhaité s’exprimer – est « revenue sur sa décision initiale » d’accueillir Vincent Lambert, annonce Jean Paillot. Pierre et Viviane Lambert réfléchissent aujourd’hui à demander la prise en charge de leur fils à leur domicile ou dans une structure d’accueil pour personnes handicapées. Leurs avocats se tiennent par ailleurs prêts à saisir le tribunal s’ils n’ont pas obtenu de réponse à leur demande de transfert d’ici au 1er août.

Nouvelle vidéo du malade

 

Le docteur Bernard Jeanblanc et le professeur de neurologie Xavier Ducroq – les conseils médicaux des parents – ont quant à eux invité le 25 juin une dizaine de journalistes à visionner une nouvelle vidéo de Vincent Lambert afin d’« apporter des éclairages » sur son « véritable état clinique ». Ce jour-là, interdiction formelle pour les caméras des chaînes d’information en continu de filmer la même séquence que celle tournée une semaine plus tôt dans la chambre d’hôpital, et censée prouver que Vincent Lambert pouvait bien déglutir une cuillerée de Danette à la vanille.
« Qui a interviewé des médecins qui connaissent réellement le patient ? », a demandé le professeur Ducrocq aux journalistes qui dénonçaient une tentative de manipulation. De son côté, le docteur Jeanblanc a expliqué avoir pu observer Vincent Lambert sur son lit d’hôpital « un après-midi entier » et consulté son « dossier de soins ». Des experts mandatés par le Conseil d’Etat avaient, eux, mené des tests plus poussés.
Patrick Bouet, le président du Conseil national de l’ordre des médecins, assure « appeler par des contacts directs les parties médicales à la prudence et à la réserve dans les propos ».

Source : Journal Le Monde, 14/07/2015,

Le « binge drinking » touche toutes les générations

Selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’Institut de veille sanitaire (InVS), paru mardi 7 juillet, l’alcool est l’une des toutes premières causes d’hospitalisation en France. Un problème majeur de santé publique que les professeurs François Paille (Centre hospitalier universitaire de Nancy) et Michel Reynaud (hôpital Paul-Brousse, Villejuif), auteurs de l’étude, imputent au binge drinking ou « biture express », le fait de boire très rapidement une grande quantité d’alcool.

L’étude des professeurs Paille et Reynaud porte sur l’ensemble des séjours hospitaliers, publics et privés, en lien avec la consommation d’alcool. Elle révèle que les hospitalisations pour lesquelles l’alcool est impliqué ont coûté 2,64 milliards d’euros (estimation) en 2012, soit 3,6 % des objectifs nationaux de dépenses de l’Assurance-maladie (72,7 milliards d’euros).

 




Démence, dépendance, cirrhoses et autres pathologies liées à la consommation d’alcool… les causes de ces hospitalisations sont multiples. Et touchent surtout les hommes. Ils représentent la majorité de la patientèle de ces services pour les hospitalisations liées à l’alcool, majorité plus ou moins large selon le service.

Consommation quotidienne en baisse

L’étude relève également une hausse de 16,5 % du nombre de patients hospitalisés en médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie (MCO) entre 2006 et 2012. Pourtant, la consommation d’alcool est en baisse depuis une quarantaine d’années en France. Et les Français boivent de moins en moins quotidiennement, comme le montre le graphique suivant, présenté dans la lettre Tendances de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).


La consommation quotidienne d'alcool parmi les 18-75 ans baisse depuis 20 ans.
La consommation quotidienne d'alcool parmi les 18-75 ans 
baisse depuis 20 ans. Baromètre santé, INPES
La consommation régulière ne saurait donc être tenue pour seule responsable.
Les pratiques excessives, telles le binge drinking, sont probablement plus risquées. Et à ce sujet, les professeurs Paille et Reynaud contrecarrent l’idée reçue selon laquelle seuls les jeunes seraient les adeptes de ce phénomène : l’augmentation des hospitalisations pour alcoolisation aiguë a plutôt concerné des adultes d’âge mûr (43 ans de moyenne d’âge) alors qu’elles sont restées stables chez les plus jeunes entre 2006 et 2012.
Une autre étude, publiée par le baromètre Santé 2014 de l’Inpes, concluait au contraire en mars à une extension du phénomène du binge drinking chez les jeunes, parlant d’un « comportement générationnel ». Elle signalait que 14 % des 15-24 ans et 10 % des 25-34 ans avaient pratiqué le binge drinking, contre 6 % pour les 35-44 ans. L’échantillon sélectionné pour les besoins de cette étude avait été… interrogé par téléphone. Il se basait donc sur la propre interprétation des personnes interrogées.

On apprend par ailleurs dans l’étude sanitaire de l’InVS que les intoxications aiguës, aussi bien que les hospitalisations pour dépendance alcoolique, concernent surtout le Nord-Pas-de-Calais et la Réunion, avec un taux supérieur au double de la moyenne nationale.


Répartition régionale des troubles liés à l’alcool en médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) : intoxication aiguë vs. syndrome de dépendance, France, 2011.
Répartition régionale des troubles liés à l’alcool en médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) : intoxication aiguë vs. syndrome de dépendance, France, 2011. Bulletin épidémiologique hebdomadaire 24-25, INVS

Source : Journal Le Monde, 10/07/2015,
 

Newsletter de juillet/août 2015 du DPFI

La newsletter des mois de juillet/août 2015 du DPFI de Lormont du GRETA Nord Aquitaine vient de paraître.

Vous y trouverez toute l'actualité du GRETA Nord Aquitaine, les événements locaux en rapport avec les thématiques de l'emploi, des métiers, du social, de la santé ainsi que des sources essentielles pour la préparation des concours.

Pour la télécharger, cliquez via ce lien : https://drive.google.com/newsletter_juillet_aout_2015 

Pour retrouver l'ensemble des publications du DPFI, cliquez via le lien suivant : http://actu33.blogspot.fr/p/blog-page_40.html  

 

DOC HEBDO N°45 - du 16 au 22 juillet 2015

Retrouvez les anciens numéros du Doc Hebdo sur cette page : http://actu33.blogspot.fr/p/doc-hebdo-du-dpfi.html

 

DOC HEBDO N°44 - du 9 au 15 juillet 2015

Retrouvez les anciens numéros du Doc Hebdo sur cette page : http://actu33.blogspot.fr/p/doc-hebdo-du-dpfi.html

 

lundi 13 juillet 2015

A lire : la sélection du mois de juillet d'infirmiers.com

Chaque mois, la rédaction d'Infirmiers.com vous propose ses conseils de lecture… Une nouvelle rubrique comme une occasion d'affûter sa curiosité et de parfaire son savoir dans bien des domaines !

Nature et formes du soin - Regard sur une pratique sous tension

Nature et formes du soin 

En opérant une forme de généalogie du soin, l’auteur, Philippe  Svandra, cadre de santé, docteur en philosophie, s’adresse à tous les soignants qui s’interrogent sur leur pratique. Il s’agit toutefois moins de proposer ici une théorie précise du soin que de mettre l’idéal soignant à l’épreuve de la réalité. En effet, face au déploiement d’une médecine de plus en plus techno-scientifique et d’une standardisation toujours plus poussée des pratiques soignantes, nous constatons aujourd’hui chez de nombreux soignants l’existence d’une interrogation sur le sens même du soin. Le soin est d'abord une forme essentielle de réponse active à la vulnérabilité d’autrui, mais pas seulement : l'auteur s'interroge concrètement sur la place que peut avoir le soin face à une médecine sans le corps et des organisations sanitaires malades de la gestion. Philippe Svandra propose quelques pistes de recherche sur les fondements philosophiques de l’activité soignante.
Étrangement, le soin comme réponse à la vulnérabilité humaine n'a accédé que très récemment à la dignité philosophique. Ce n'est que ces dernières années, au travers notamment des théories du care, que des philosophes, des psychologues, des sociologues et récemment des politiques se sont engagés dans cette réflexion autour du soin...
• Nature et formes du soin – Regard sur une pratique sous tension. Philippe Svandra, Editions de boeck estem, collection Sciences du soin dirigée par Marie-Ange Coudray, janvier 2015, 19 €.

Profanes, soignants et santé mentale : quelle ingérence ?

profanes, soignants et santé mentale 

L’entourage, les associations de familles, les pouvoirs publics viennent entre autres interférer dans la relation entre le psychiatre et son patient. Dès lors, comment se passe la prise en charge d’une personne malade sachant qu’elle implique plus que cette personne elle-même ? Il y a encore quelques années, le profane s’opposait à l’expert. Cependant, en s’immisçant dans la relation de soin, il apporte avec lui son expérience, sa sagesse, parfois ses interrogations, et cette nouvelle lumière peut aussi éclairer l’expert dans sa prise en charge. La société exprime toujours plus le besoin de co-construction du soin, pour que les savoirs pratiques des aidants, des familles et des malades rejoignent les savoirs précieux des professionnels de santé. Profanes et initiés acceptent alors de s’éclairer mutuellement, d’apprendre l’un de l’autre et de s’accompagner. En retraçant différents parcours et expériences, cet ouvrage incite à sortir d’une pensée normée et à prendre en compte la parole de l’autre, quel que soit cet autre, dans le soin psychique.
Comment prendre en compte le besoin de la société civile de s’investir dans la relation médecin-malade ? Faut-il l’encourager ? Faut-il le limiter ?
• Profanes, soignants et santé mentale : quelle ingérence ?, sous la direction de Cyril Hazif-Thomas et Cécile Hanon, Editions Doin, avril 2015, 28 €.

De la maltraitance à la bientraitance

De la maltraitance à la bientraitance 
Voici un véritable guide de la bientraitance dans le soin ! Il est incontournable car, si la maltraitance dans les lieux de soins est restée tabou longtemps - car inimaginable et inadmissible -, elle doit être dénoncée et combattue, afin de protéger tous ceux qui sont tributaires d'autrui, en particulier pour les soins. Mais quand parle-t-on de maltraitance ? Comment devient-on maltraitant et que faire face à cette réalité ? La bientraitance est un concept large, englobant les notions de respect de la personne, de ses droits et de sa dignité. Alors… savons-nous être bientraitants et quelles sont les mesures appropriées pour favoriser la bientraitance ? C'est par ce type de questions que l'auteur, infirmière et formatrice consultante en relation d'aide, invite le soignant à comprendre et à agir. Son approche simple et concrète accompagnera la réflexion de chacun pour l'aider à se situer et à trouver ses propres outils.
Lutter efficacement contre la maltraitance demande d'accompagner les institutions de soin ainsi que leur personnel dans une instauration de bonnes pratiques, terreau fertile d'une nouvelle bientraitance. 
• De la maltraitance à la bientraitance, Françoise Boissières-Dubourg, Editions Lamarre 2e édition, collection Exercice professionnel infirmier, octobre 2014, 22,50 €.

Infirmière en 1914

Infirmière en 1914 
Le 31 juillet, Lucia Bernard part en train de Perpignan (par Toulouse et Limoges) pour Paris. Enseignante, elle est en vacances et veut faire un tour à l'Ecole Normale de Fontenay-aux-Roses où elle a été élève quelques années auparavant, puis elle compte se rendre dans son village natal d'Eclaron en Haute-Marne où résident sa mère et sa belle-soeur qui attend un bébé. La guerre est imminente. Lucia décide de tenir un journal.  C'est une jeune femme de 29 ans, pleine d'allant. Sitôt la guerre déclarée, elle s'improvise infirmière et s'installe à Brienne-le-Château dans un hôpital lui-même improvisé dans l'église et le presbytère, dont elle assure, elle-même, "la construction" des lits. Le soir, elle tient son journal où elle consigne, outre les faits, ses réflexions et ses interrogations. Avec la bataille des frontières, les premiers blessés arrivent.  Puis, à partir du 6 septembre, c'est la bataille de la Marne. Brienne-le-Château et Eclaron, entre autres, sont au coeur du mouvement amorcé par les troupes françaises pour contenir l'ennemi, puis le faire reculer ; Saint-Dizier, où réside une partie de la famille de Lucia, est traversée par la ligne de front... Lorsque Lucia reçoit son affectation de professeur à l'école normale d'Aix-en-Provence pour la rentrée scolaire, elle refuse d'abandonner ses blessés, quitte à recevoir un blâme et même à mettre en cause sa carrière.
Elle obéira, en retard. 
 20 août. Notre journée s’écoule employés aux pansements, soins, raccommodages et rangement du linge qui arrive de partout, à pleines caisses. Toujours pas de grands blessés. Nous sommes impatientes. Le major nous calme : nous en aurons tout notre compte et nous seront saturés d’horreur.
• Infirmière en 1914. Journal d'une volontaire : 31 juillet/14 octobre 1914, Lucia Tichadou, Editions Gaussen, août 2014, 12 €.

Sorcières, sages-femmes & infirmières

Sorcières, sages-femmes et infirmières 
Engagées dans le Mouvement pour la santé des femmes dans les années 1970, Barbara Ehrenreich et Deirdre English enquêtent sur les racines historiques de la professionnalisation du corps médical. Portant un regard féministe sur les chasses aux sorcières en Europe et la suppression de la profession de sage-femme aux États-Unis, elles s’interrogent : et si, derrière ces événements, se cachait une véritable monopolisation politique et économique de la médecine par les hommes de la classe dominante, reléguant peu à peu les femmes à la fonction subalterne d’infirmière docile et maternelle ? Depuis sa parution aux États-Unis en 1973, cet essai concis et incisif a ouvert la voie à de nombreux travaux de recherche et prises de conscience. Cette traduction s’ouvre sur une préface inédite des deux auteures, dans laquelle elles expliquent dans quel contexte ce texte crucial est né, tout ce qui a changé depuis mais aussi comment malgré tout de que nous avons acquis, il nous reste maintenant du pain sur la planche.
Observons d'un peu plus près ces femmes qui ont inventé le métier d'infirmière, parce que, très clairement, ce métier tel que nous le connaissons aujourd'hui est le produit de leur oppression en tant que femmes de la classe dominante dans la société victorienne...
• Sorcières, sages-femmes & infirmières. Une histoire des femmes soignantes. Barbara Ehrenreich, Deirdre English, Editions Kambourakis, janvier 2015, 16 €.

A lire également

  • Se sentir bien « malgré » la maladie. Pratiques de pleine conscience pour vivre mieux avec un cancer ou une autre maladie grave. Elana Rosenbaum, de boeck editions, 2014.
  • Toute la folie du monde – Témoignage d'une survivante. Francine Godin, Editions Liber, 2014.
  • Médecin dans le 93, Alexis Sarola, Editions Cherche midi, 2015, 16,50 €.
  • Introduction à la psychologie périnatale. Les effets à long terme de la vie avant, pendant et après la naissance. Ludwig Janus, Editions Le souffle d'or, 2015.
Source : Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.com bernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern